L’article mis en ligne avait été publié dans l’Indépendant, édition du lundi 30 mai 2005.
Jean Quério et ses troupes ont peaufiné leur tactique sur le Pont du Blau (photo archives, mai 2005).
Le défi avait été lancé en janvier et le pari a bien sûr été réussi, ce qui en soit est une belle performance, mais une question se pose : comment les cyclos chalabrois peuvent-ils encore faire jouer l’effet de surprise en programmant une fois l’an et peu ou prou à la même date, une expédition vers la forteresse cathare culminant au-dessus du petit village de Montségur ?
Une seule certitude, 2005 n’a pas dérogé à la règle et le peloton du président Jean Quério prenait samedi le chemin des gorges du Plantaurel, en ayant au préalable fait un point de la situation au-dessus des eaux noires et profondes du Blau. Profitant de l’absence momentanée de Robert, le seul Ariégeois de l’équipe, un changement de tactique était décidé, l’attaque du Pog se ferait cette année depuis le versant nord, le plus difficile. L’entrée dans Lavelanet s’était voulue discrète et la mise jambe prévue au pied du château de Roquefixade ne décevait personne, avant une descente à flanc de colline vers le point stratégique de Celles la bien nommée. Le col de la Lauze et ses interminables lacets mettait le groupe à rude épreuve, mais il était trop tard pour faire machine arrière.
A l’entrée de Montferrier et malgré la demande pressante de certains, le président Quério ne délivrait aucune permission, les visites au musée du textile, ce serait pour une prochaine fois. Car le Pog de Montségur était là, imperturbable et majestueux, les flancs enveloppés dans « ces écharpes de brume qui sont peut-être les âmes des martyrs poursuivant leur ascension mystérieuse vers l’infini et la pureté » (Jean Tisseyre).
Les aspirations poétiques du peloton allaient s’évanouir dans les premières pentes du col, tandis que les renforts arrivés depuis la vallée du Touyre se joignaient en silence à une coalition soudée et généreuse dans l’effort. Car là-haut, et le président avait été catégorique, une table de pique-nique était promise, dans les bruyères voisines « del Camp dels Cremats » où la troupe devait monter le siège. Un siège que les CCC allaient lever plus rapidement que prévu, préférant reporter l’assaut du Pog pour mieux jeter leur dévolu sur la terrasse du café de la Paix.